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Apprendre la profession d’acteur ou de comédien

L’art de l’acteur c’est avant tout un métier

Comme tout métier, et même s’il est artistique, il est très important pour le comédien d’avoir la formation. Et donc de trouver une école de théâtre ou des cours d’art dramatique. Revenons sur la définition du mot métier (selon le Larousse).

métier

1. Activité sociale définie par son objet, ses techniques, etc. : Qu’est-ce qu’il fait comme métier ?

2. Profession caractérisée par une spécificité exigeant un apprentissage, de l’expérience, etc., et entrant dans un cadre légal : Il est musicien de métier.

3. Habileté technique que procurent la pratique, l’expérience d’une activité professionnelle .

nom masculin
(latin populaire misterium, du latin classique ministerium, office, peut-être avec l’influence de mysterium, mystère)

Mais, me direz-vous : «  Le théâtre, le cinéma, la comédie musicale… Ne sont ce pas avant tout des activités artistiques ? Et donc de l’art ? » Définissons donc l’art (toujours selon ce cher Larousse).

art

1. Ensemble des procédés, des connaissances et des règles intéressant l’exercice d’une activité ou d’une action quelconque : Faire quelque chose selon les règles de l’art.

2. Toute activité, toute conduite considérée comme un ensemble de règles, de méthodes à observer : Bien vivre, aimer, penser est un art.

3. Habileté, talent, don pour faire quelque chose (parfois ironique et surtout dans des expressions) : Avoir l’art du compromis.

4. Manière de faire qui manifeste du goût, un sens esthétique poussé : Disposer un bouquet avec art.

5. Création d’objets ou de mises en scène spécifiques destinées à produire chez l’homme un état particulier de sensibilité, plus ou moins lié au plaisir esthétique : Les révolutions de l’art moderne.

6. Ensemble d’œuvres artistiques ; caractère de cet ensemble : L’art italien, l’art du Bénin, l’art roman, l’art du portail occidental de Chartres, l’art de Rembrandt.

nom masculin
(latin ars, artis)

Dans les deux cas, nous parlons de connaissances, d’ apprentissage, d’ensemble de règles, d’habileté technique, de pratique et expérience… Il est donc important d’apprendre ce métier dans une formation d’acteur professionnelle, comme par exemple à Bordeaux en nouvelle aquitaine. Faut bien se faire un peu de publicité.

Je suis de ceux qui pense que ce métier est un métier. Et comme tout métier, son apprentissage se fait dans une école d’art dramatique, une formation professionnelle privée de comédien, un atelier de star, un conservatoire, des stages… Que sais-je ? …

J’admire les artistes qui ont appris sur le tas et ont réussi, petit à petit, aux détours de rencontres avec des professionnels (plus ou moins bon), de culot, d’envie de réussir, à s’accaparer des trucs d’acteurs par ci par là, à faire leur tambouille et, s’améliorant avec le temps, ont réussi à faire leur carrière. C’est le cas même de gens très connus. Mais malgré tout, ne nous leurrons pas, ils ont appris. Ma réflexion est la suivante : ayant cette volonté et cet acharnement déjà naturellement, n’auraient-ils pas été plus performants s’ils avaient appris plus tôt les techniques fondamentales du jeu du comédien ? et n’auraient-ils pas été plus loin dans leur démarche artistique ? Je ne crois pas à l’innée. Vu la quantité de travail que représente l’acting, je me refuse d’y croire. Et même les (ouvrez bien grands les guillemets) « autodidactes » ont finalement appris par l’interaction. C’est un travail sur l’interaction, l’interaction y est obligatoire, donc il est impossible de se former sans. Une chose est sûre, et s’il vous plaît ne soyez pas naïfs, jouer la comédie ça s’apprend !

J’irai même plus loin en disant que les bonnes formations pour le jeu passent d’abords par les écoles de théâtre. Même si on se prédestine au cinéma ou à la télévision, ou au stand up.

Le théâtre est cet art direct et si particulier qui nous oblige, acteurs ou actrices, comédiens ou comédiennes, à l’intéraction directe… Avec l’autre… Avec le public… Il nous oblige au réflexe d’entraînement… A l’improvisation… Jouer avec son personnage sur la durée… On ne peut pas refaire la prise quand on joue au théâtre. Beaucoup d’acteurs, même après une carrière au cinéma, reviennent au théâtre.

Au cinéma on attend beaucoup. Quand on joue à la caméra c’est un sprint. Quand on joue au théâtre c’est un marathon.

Pierre Arditi

Et surtout le théâtre est notre Histoire, notre culture artistique. Pour bien jouer, il faut comprendre le passé, les formes d’antan (conte, clown, burlesque, farce, commedia dell’arte, tragédie, bouffonnerie, mélodrame, Brecht…). Comprendre à quel moment et pourquoi elles ont existé, qu’elles sont leur utilité, repérer si elles sont encore utilisées… Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout…

Un bon acteur, ou un bon comédien…peu importe (nous reviendrons sur cette définition plus tard)… Doit savoir jouer plusieurs registres. Comme un bon musicien qui passe de Bach, à Mozart, à Thelonious Monk, aux Rolling Stones, à Alain Souchon… Un musicien comprend le langage de la musique. Un acteur comprend le langage du théâtre, de l’oralité. Car c’est un langage différent de celui de la littérature. C’est un langage pratique qui passe par le corps, le corps à corps, le verbe, le mouvement, le silence, le mot à mot…

Les secrets du jeu de l’acteur doivent bien sûr être aussi accessible aux amateurs. C’est à dire des acteurs en herbes qui pratiquent le théâtre dans des cours de théâtre en dehors de leur métier. Comme un loisir, un hobby. Ils ne souhaitent donc pas gagner leur vie avec l’art de l’acteur. Car la différence entre un professionnel et un amateur c’est le temps, l’engagement et la notion de rémunération. Un amateur n’aura jamais le même engagement qu’un professionnel. Déjà d’un point de vue de nécessité financière. Gagner sa vie en tant que comédien n’implique pas la même énergie. L’argent a peut être des torts socialement, surtout par rapport à sa mauvaise répartition, mais, quoi qu’on en dise, il stimule beaucoup. De plus, pour vivre de ce métier, il faut une sacrée discipline, beaucoup s’entraîner, enquêter et insister… C’est donc une question de temps et de disponibilité… Chose que les amateurs ne peuvent pas avoir car ils sont déjà occupés par leur travail. Ca n’empêche qu’il y ait de bons acteurs amateurs et de mauvais acteurs professionnels… Malgré tout, je reste convaincu qu’un comédien professionnel bien formé à la base et qui exploite cet apprentissage d’une manière optimale réussira à travailler. Il en va de même pour un comédien amateur. Il sera juste limité un moment donné. Tout est une question de formation finalement. Alors s’il vous plaît, allez chercher, amateurs comme professionnels, des cours de qualité. C’est à dire des ateliers qui vont vous pousser dans vos retranchements pour que vous alliez le plus loin possible. Et bien entendu, des ateliers avec un fort bagage technique. Il n’y a pas d’art sans techniques.

 Les grands moments de théâtre sont dans les ateliers d’expression dramatique.

Vérité d’initiés

Le jeu du comédien est une science

Je vous propose, pour éviter toutes ambiguïtés,  d’appréhender le travail de l’acteur comme une science. Revenons sur la définition (Ah Larousse ! Quand tu nous prend!).

science

1. Ensemble cohérent de connaissances relatives à certaines catégories de faits, d’objets ou de phénomènes obéissant à des lois et/ou vérifiés par les méthodes expérimentales.

2. Chacune des branches de la connaissance, du savoir (souvent pluriel) : Les sciences mathématiques.

3. Littéraire. Connaissance approfondie d’un domaine quelconque, acquise par la réflexion ou l’expérience : La science du cœur humain.

4. Manière habile de mettre en œuvre des connaissances acquises dans une technique : La science des couleurs.

nom féminin
(latin scientia, de scire, savoir)

Tout scientifique performant n’a-t-il pas étudié ? Et souvent de longues années ? Ne continue-t-il pas, même après son apprentissage, à s’informer, enquêter, rechercher ?

Et la science a des règles très établies. C’est une succession de mouvements, réactions physiques et chimiques, phénomènes mathématiques… Le comédien toute sa vie cherchera aussi cela. Plus on s’informe et plus on expérimente, plus on est pertinent. Plus on accepte qu’il y ait des règles, des lois, des concepts qui existent (qui ont été raconté par nombreux acteurs et pédagogues), qu’on s’amuse à jongler avec, et plus on trouve de nouvelles choses.

Mais pour jongler, il faut d’abord appréhender les balles… Comment les tenir… Les lancer… Comprendre la logique… Jusqu’à ce que le réflexe soit là. Et ça, croyez-moi, le processus est très long !…

Il faut vingt ans pour dire : « Je commence à toucher du doigt la chose.

Jack Garfein

Alors accrochons nous à cette science du récit et de l’oralité qu’est le théâtre. Il n’y a pas de théâtre sans comédiens et comédiennes. Nous sommes donc irremplaçables et nécessaires. En revanche nous nous devons… A nous-même et encore plus au public… L’ excellence. C’est-à-dire l’ultra conscience de ce que l’on fait et de ce que l’on raconte.

Cela demande de la persévérance, de l’énergie, de la remise en question, du temps… Et ce n’est jamais fini !…

Mais comme disait mon professeur de théâtre : « Plus c’est long… Plus c’est bon ! »